On retrouve, dans l’ouvrage chrétien surnommé Nouveau Testament, un grand nombre de textes ou de récits qu’on présente comme étant l’accomplissement de prophéties de l’Ancien Testament (surnom chrétien de la Bible Hébraïque, le Tanakh). Mais, un examen de ces concordances forcées révèle pas mal d’incohérences.
- L’auteur de l’évangile selon saint Mathieu affirme que l’annonce de l’ange à Joseph : « Ne crains point de prendre avec toi Marie ta femme, car l’enfant qu’elle a conçu vient du Saint -Esprit; Elle enfantera un fils et tu lui donneras le nom d’Emmanuel, ce qui signifie, Dieu est avec nous » (on ne sait pas si c’est l’ange qui donnait à Joseph, un hébreux, la traduction de ce prénom hébraïque ou bien c’est Mathieu qui a ajouté cette traduction à l’intention de son auditoire qui était pourtant aussi Juif!) est intervenue afin que s’accomplisse la prophétie d’Isaïe qui dit : « Voici la vierge sera enceinte, etc. ». (Mathieu 1, 20-23). Or, quel est le passage en question ? Isaïe 7, 14-16 : « …Voici, la jeune fille est enceinte, elle enfantera un fils et lui donnera le nom d’Emmanuel. Il mangera de la crème et du miel, jusqu’à ce qu’il sache refuser ce qui est mauvais et choisir ce qui est bon. Mais, avant que l’enfant sache refuser ce qui est mauvais et choisir ce qui est bon, le territoire dont tu crains les deux rois sera abandonné ».
- 1ere erreur: Isaïe ne dit pas « la vierge » (Betoula en hébreux), comme le prétend Mathieu, mais, « la jeune fille » (Alma), ce qui n’est forcément pas la même chose.
- 2e erreur, Isaïe ne dit pas non plus que cette jeune fille sera enceinte, mais qu’elle est enceinte.
On imagine aisément toutes les différences qu’on peut établir entre ces deux phrases: Jeune fille n’est pas absolument synonyme de vierge et le présent n’exprime pas la même idée que le futur. On voit dans le texte d’Isaïe, qu’il parle plutôt d’un évènement ponctuel et imminent : Jérusalem est sous la menace d’armées étrangères, Dieu rassure Israël en lui disant de ne pas craindre ses ennemis; que ces ennemis, non seulement seraient vaincus, mais, qu’avant que l’enfant Emmanuel sache distinguer le bien et le mal, le territoire des ennemis serait abandonné.
La jeune fille est donc déjà enceinte au moment où le prophète s’adresse au roi.
Ce texte ne peut pas s’appliquer à Jésus pour des raisons simples:
- Il n’y a pas eu de guerre pendant la croissance de Jésus, or, c’est durant la croissance d’Emmanuel que la guerre libératrice devait intervenir. * Aucun territoire ennemi d’Israël n’a été abandonné;
- Le fils de Joseph et de Marie ne s’est pas même appelé Emmanuel, mais, Jésus et
- Il ne nous est pas rapporté que ce dernier se nourrissait de crème et de miel comme devait le faire Emmanuel.
- Le même texte de Mathieu affirme que la prophétie « Et on l’appellera du nom d’Emmanuel » (Es.7, 14) s’accomplit avec l’annonce de l’ange. Or, que dit l’ange? « …l’enfant qu’elle a conçu vient du Saint-Esprit, elle enfantera et tu lui donneras le nom de Jésus » (Mathieu 1, 20-21).
En terme de prénoms, est-ce que s’appeler Jésus est l’équivalent de s’appeler Emmanuel ? Ces noms sont différents, que ce soit par le sens, la forme ou le son et indiquent, logiquement, des personnages différents. - Lorsque le même Mathieu ajoute que le supposé massacre des enfants mâles par Hérode (Mt. 2, 16-18) est intervenu afin que s’accomplisse le passage de Jérémie « Rachel pleure ses enfants » (Jér. 31, 16-17), cela n’est pas juste, car pour Jérémie, il s’agit d’enfants exilés et non d’enfants massacrés.
- Il ne semble pas non plus très judicieux que Actes 2, 31 applique à Jésus la prière de David qui dit: « …Car Tu n’abandonneras pas mon âme au séjour des morts… » (Psaumes 16, 10). Comment peut-on appliquer ce texte à Jésus alors que la suite du verset dit : » Tu me feras connaître le chemin de la vie, etc. »? Jésus qui se disait le chemin, la vérité et la vie pouvait-il prier ainsi ?
- En outre, quand Jésus dit : « J’ai soif » (Jean 19, 28), l’auteur de l’évangile selon saint Jean voit là l’accomplissement du Psaumes 69, 22, sans se soucier que la même personne qui parle de soif dit aussi à la suite: « …Ö Dieu, Tu connais mes actes coupables, etc. » Jésus aurait-il donc eu des actes coupables ? Le fait que Jésus ait eu soif exige-t-il qu’on aille chercher n’importe quel texte pour le lui appliquer aussi maladroitement ?
- De même, quand l’auteur de l’épître aux Hébreux affirme que D. a dit de Jésus: Je serai pour lui un père (Hébreux 1, 5), cela n’est pas juste, car ce texte parle très clairement de Salomon. Le même verset dit d’ailleurs ensuite: « S’il commet des fautes, Je le punirai avec le bâton des Hommes et avec les coups des humains » (). Il faut bien que Jésus, contrairement à l’opinion chrétienne, ait commis des fautes ou qu’il ait été susceptible de les commettre pour qu’on lui applique ce verset.
- Le même auteur écrit (Hébreux 5, 6) : « Il est dit encore ailleurs: tu es sacrificateur pour toujours selon l’ordre de Melkisedek ». Où cela est-il écrit? Un tel passage n’existe pas dans l’Ancien Testament.
- Enfin, voici ce qu’on peut lire en Mathieu 21, 1-7: « Lorsqu’ils approchèrent de Jérusalem, …Jésus envoya deux disciples en disant: allez au village qui est devant vous, vous trouverez aussitôt une ânesse attachée et un ânon avec elle, détachez-les et emmenez-les moi…Or, ceci arriva afin que s’accomplisse la parole du prophète: Dites à la fille de Sion: Voici, ton roi vient à toi, plein de douceur et monté sur une ânesse, sur un ânon, le petit d’une bête de somme. … Ils amenèrent l’ânesse et l’ânon, mirent sur eux leurs vêtements et le firent asseoir dessus… » Les auteurs de ce récit ont-ils seulement songé qu’il est impossible d’être assis sur deux animaux à la fois ? Ou bien, voulant démontrer à tous prix l’accomplissement de la prophétie, n’avaient-ils en tête que de faire figurer dans le récit tous les termes de la prophétie ?
Voilà la curieuse manière par laquelle les auteurs du Nouveau Testament se sont efforcés de faire des correspondances entre leur ouvrage et la Bible Juive!
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