La doctrine de l’abolition de la Loi a été inventée par Paul, bien que certains prétendent que Paul a juste été mal compris.
Si on veut justifier certains propos de Paul, comme le font plusieurs personnes, on peut le faire. On dira par exemple que le verset: « Mangez de tout ce qui se vend au marché » ne contredit pas la Torah, puisque Paul parle très probablement d’un marché Juif dans lequel on ne vend que ce qui est autorisé à la consommation par la Torah. Mais, ceux qui apportent cette justification devraient se souvenir que, dans ce verset, Paul s’adresse à des corinthiens qui ne vivaient pas en Israël et que, par conséquent, il ne s’agit pas d’un marché Israélien.
On peut aussi tenter de montrer que « Christ est la fin de la Loi » a été mal compris et aurait dû être compris dans le sens de « Christ est le but de la Loi« . Mais, que dira-t-on de ces autres propos: « C’est par la Loi que nous connaissons le péché » (Rom. 3, 20). « La Loi produit la colère, car où il n’y a point de loi il n’y a point de transgressions » ( Rom. 4, 15)?
Veut-on des paroles plus explicites et plus graves encore ? Alors, écoutez bien : « L’aiguillon de la mort c’est le péché, et la puissance du péché c’est la Loi » (I Cor. 15, 56). Bien plus, « le ministère de la Loi est un ministère de la condamnation » (II Cor. 3, 9). On en croit à peine ses yeux.
Paul abolit donc bel et bien la Loi dans ses discours. Ce n’est pas tout: Il érige en système, la contradiction entre la loi et la foi, il affirme que la Loi est malédiction. Pour Paul, C’est l’existence même de la loi qui crée le mal et le péché, et il n’y a qu’à supprimer, qu’à abolir la loi pour que tout péché disparaisse avec elle et que tout devienne bien et permis.
Il est certain que cette façon de penser mène directement au désordre, au renversement des plus simples notions du bien et du mal, anéantit toute morale, toute justice, et par là-même, est apte à corrompre toute société et à préparer sa ruine. Et cela n’a pas tardé. Du temps même de Paul, les fruits pernicieux de ses erreurs spéculatives ne tardèrent pas à paraître : Paul en personne, après avoir enseigné que la Loi était inutile et, impuissante, etc., se plaint désormais qu’au sein même de l’église, il y a des fornicateurs, des idolâtres, des adultères, des efféminés, des pécheurs contre nature, des larrons, des avares, des ivrognes, des médisants, des ravisseurs, bref des gens qui violent la Loi (I Cor 5, 10 et 11. Ibid., 6, 10) ; qu’il y a parmi ces chrétiens, des impudicités telles qu’on n’en rencontre pas même parmi les Gentils ; qu’il y a même tel chrétien qui entretient la femme de son père. Et qui nous apprend cela? Paul lui-même!
Voilà donc sa propre doctrine qui vient déchaîner au sein de l’église les vices et les abus les plus horribles, qui étaient auparavant enchaînés par la Loi au fond du cœur humain, et qui se lèvent désormais avec la permission de Paul, brisent leurs liens, et crient liberté !
Et il semble le premier à en être surpris. Il est surpris que la morale partage finalement le sort de la Loi, immolée à une abstraction, à des chimères, à ses subtilités théologiques; Il est surpris que sa théorie d’après laquelle sans Loi plus de péché, et que par conséquent il n’y a qu’à supprimer la Loi pour que le péché disparaisse avec elle produise un tel dérèglement. Pensait-il en toute bonne foi que sa théorie fût capable d’attacher sérieusement les hommes à la pratique des devoirs, au respect des droits ?
Voyons donc ce Paul se scandaliser à présent d’entendre qu’il y a de telles abominations dans son Église ! Mais, sur quoi s’appuient ces Chrétiens débauchés et pervers, si ce n’est sur toutes les libertés que lui, Paul, leur a accordées? Et voyez l’Apôtre maintenant étonné, troublé, se débattre péniblement dans cet embarras inattendu qu’il s’est créé lui-même ! Voilà une multitude d’abrutis à qui on a expliqué que tout était permis, qui profitent désormais de leur liberté, et on ne peut plus leur dire le contraire !
Alors, que faire? Il confirme tout de même que tout est permis (donc, toutes les abominations auxquelles se livrent ces scélérats sont effectivement permises pour Paul) mais que tout n’est pas utile ; Que Les viandes sont pour l’estomac et l’estomac pour les viandes, et que Dieu détruira, l’un et l’autre ; Mais que le corps n’est point pour la fornication, il est pour le Seigneur, et le Seigneur est pour le corps (I Cor 6, 12-13). Vains efforts ! Dialectique impuissante ! Car, tous ces grands scélérats de l’histoire qui se croient justifiés par le dogme de Paul, et libérés du joug de la Loi, peuvent très bien lui répliquer, en suivant son propre raisonnement que, si les viandes sont effectivement pour l’estomac, les plaisirs aussi sont pour le corps ; que le membre qui commet la débauche est fait pour les plaisirs, que la main qui vole ou assassine est faite pour l’action, que si Dieu doit détruire l’estomac et les viandes, Il détruira de même les corps qui ont participé à la débauche, la main qui a tué, ainsi que les corps des victimes, la main qui a volé, de même que la chose volée, etc.
Mais, si Paul avoue lui-même que le corps appartient à Dieu, il aurait dû comprendre par-là que Dieu n’est donc pas indifférent à la manière dont nous utilisons ce corps qui Lui appartient, qu’Il n’est pas indifférent à ce que nous y introduisons, etc., qu’il n’est pas vrai que ce qui entre par la bouche ne souille point, de même qu’il n’est pas bon d’utiliser le corps pour le larcin ou l’adultère.
Nous n’avons pas besoin d’insister longuement pour qu’on remarque tout ce que le système de Paul a de dangereux pour la morale, pour le culte, pour la pratique du bien dans le monde. Quand on voit la haine vouée à la loi de Moïse, la destruction jurée de cette loi, pousser Paul dans des voies où va se perdre la morale, on est frappé d’épouvante, d’indignation et de réflexions douloureuses pour les générations de l’avenir.
Paul, en abolissant la Loi, a tout simplement miné les bases de la morale chez ses disciples (les Chrétiens sont à peu près tous disciples de Paul, et non de Jésus); il a préparé et autorisé la dissolution des mœurs, le dérèglement sans bornes, les monstruosités sans exemple qu’on a pu constater ensuite chez les Chrétiens. Il a renversé les notions les plus naturelles du bien et du mal, en enseignant que c’est par la Loi seulement que nous connaissons le péché.
Pensait-il que la liberté blâmable, la licence qu’il accordait à tous vis à vis de la Loi, était de nature à raffermir les esprits sceptiques, les coeurs chancelants, les passions égoïstes, dans le culte et la pratique du bien et de la justice ? Ne voyait-il pas que son raisonnement rendrait faibles et chancelantes les bases de la morale? Ne sentait-il pas qu’il ouvrait tout simplement la porte à tous les abus et à tous les vices? De nos jours encore, combien de « Chrétiens » se retranchent derrière l’abolition de la Loi pour justifier à leurs propres yeux divers actes immoraux ? Dans combien de courants a-t-on érigé en norme cette licence des mœurs autorisée par Paul?
La philosophie de Paul, en rendant la morale chrétienne flottante au gré des opinions et des vices de chaque chrétien, a finalement produit les innombrables et pernicieuses hérésies que l’on a connues dans l’histoire du Christianisme dont en voici quelques-unes:
– Il y a eu les Nicolaïtes, la plus ancienne manifestation de la raison humaine abandonnée à elle-même dans le sein du christianisme, qui, presque au berceau de cette religion, a affiché une éclatante révolte contre la morale, dont l’Apocalypse fait déjà mention, ch. II, vers. 15, comme d’une hérésie dont les doctrines étaient déjà notoires et répandues.
– Jean, le disciple, s’enflamme d’un saint zèle contre la ville qui l’accueillait, contre l’évêque qui permettait la prédication de la prophétesse : « Ange de l’église de Thyatire, s’écrie-t-il, … j’ai quelque chose contre toi. C’est que tu souffres que cette Jézabel, qui se dit prophétesse, enseigne et qu’elle séduise mes serviteurs pour les porter à la fornication, et pour leur faire manger des choses sacrifiées aux idoles ». Ici, non seulement la même licence des mœurs reparaît, mais elle se montre en compagnie des viandes de l’idolâtrie, probablement à cause du motif commun à l’une et à l’autre : le grand mot de Paul : « Tout est permis »!
– Au XIIe siècle, la secte de Teudème, déclarait la fornication et l’adultère choses saintes et méritoires ; Ses fruits bien amers, continuent à se montrer dans ces prélats qui s’adonnent à la pédophilie, dans ces pasteurs qui pratiquent la débauche, etc., tout comme ils ne tardèrent pas à se montrer dans les inquisitions du 17e siècle, les pogrom et même la Shoa du 20e siècle, qui tous prirent leur point de départ dans les principes que nous dénonçons.
Et cette abolition de la Loi grâce à la mort et la résurrection de Jésus, est bel et bien cause de défaillance dans la morale du christianisme, l’idée même de la Rédemption d’après le Christianisme diminue par plusieurs côtés à la fois, la valeur, la beauté, la grandeur de la morale.
La loi, pourtant, est le ciment de tout ordre, et l’abolir, c’est instituer le désordre.
En abolissant la Loi, en effaçant d’avance tous les péchés, le Christianisme a détaché ses adeptes du monde, a enlevé à la morale son caractère nécessaire pour en faire quelque chose de purement facultatif.
Le Judaïsme lui, enseigne que la Loi est bonne, car, par la Loi abonde le mérite. C’est d’ailleurs le respect de la Loi qui apporte la bénédiction, tandis que le mépris de la Loi apporte des malédictions.
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