Nous avons récemment expliqué la gravité de la colère et expliqué la recommandation de nos maîtres de s’en éloigner à l’extrême opposée.
Le Zohar explique en outre que celui qui se met en colère, toutes les portes de l’enfer s’ouvrent sous ses pieds.
Normalement, pour chaque faute commise, un domaine particulier du guéhinom (la Gehenne) est prévu. Comme le coléreux ne contrôle pas ses actes et qu’il est capable de transgresser toutes sortes de commandements, il n’est pas destiné à une géhenne particulière, mais à « toutes sortes de géhenne ». (Chemirat Halachone)
COMMENT MAÎTRISER SA COLERE?
Une méthode efficace pour parvenir à s’éloigner de la colère est de savoir que tout vient de Dieu: si telle chose m’arrive, c’est Dieu qui le veut pour une raison bien précise. Inutile donc de se mettre en colère, ce serait comme se mettre en colère contre Dieu qui a permis cet événement dans ma vie.
Il existe deux sortes de colères :
1) La colère qui n’est pas dirigée contre quelqu’un en particulier parce qu’il n’y a personne contre qui s’emporter. Par exemple, un individu se rend en voiture à un rendez-vous. En chemin, il est victime d’une crevaison. Personne n’est responsable de cet incident, pourtant il se met en colère parce qu’il sera en retard, même s’il ne peut s’en prendre à autrui.
S’il prend conscience que c’est Dieu qui a voulu cet événement, alors il peut éviter la colère.
2) La colère qui est dirigée contre la personne qui l’a déclenchée. Par exemple quelqu’un casse le pare-brise de votre voiture. Dans ce cas, il existe bien un responsable contre lequel déverser le flot de sa colère.
La colère causée par une tierce personne est plus délicate. En effet, si l’on peut comprendre, dans le cas d’une voiture en panne, une pierre qui tombe etc., que seule la Providence a dirigé cela, en revanche, quand la colère est provoquée par autrui, la situation peut sembler différente : l’homme étant doté d’un libre arbitre, c’est lui et non le Ciel qui décide de ses actions. Il est donc responsable des actes qu’il pose, des préjudices qu’il cause, et sa victime risque donc de diriger sa colère contre lui.
En réalité, quelles qu’en soient les causes, toutes les formes de colère se valent.
L’homme qui a la foi ne doit jamais perdre de vue que si le Créateur est au cœur de sa vie, alors, Il est présent
dans tout ce qu’il fait et dans tout ce qui lui arrive. Il ne doit pas considérer les seules apparences – qui ne sont que des instruments – mais porter son regard au-delà, vers Celui qui dirige tout, le Créateur de l’univers.
Une fois cette connaissance acquise, quand elle a pénétré son esprit et son cœur, l’homme n’a plus de raison de se mettre en colère. Il sait que tout ce qui lui arrive (en bien comme en mal) est un bien que le Créateur lui prodigue du plus profond de son amour pour lui.
Voici une allégorie tirée du Zohar : quand on frappe un chien avec un bâton, le chien s’attaque au bâton, il tente de le mordre. Le chien ignore que ce n’est pas le bâton qui le frappe, mais celui qui le tient. Il en va de même dans ce monde-ci : les hommes et les événements ne sont que des intermédiaires. Ils sont comme un bâton dans les mains du Saint béni soit-Il.
L’homme doit discerner qui le frappe en réalité : est-ce le bâton ou bien le Créateur ? Parfois le bâton prend l’apparence d’une pierre, parfois celle d’un être humain.
Celui dont la émouna (la foi) est authentique sait que la mesure du bien ou du mal qu’on lui fait ici-bas est déterminée selon ses actes par la Providence divine. Nous l’apprenons du roi David : quand son fils Avchalom le traque, David est en danger de mort. Dans sa fuite, il rencontre Chim’i ben Ghêra qui se met à l’accabler d’injures. (II Chemouel/Samuel 16, 5-13). Avichaï, fils de Tserouya, demande à David l’autorisation de tuer Chim’i ben Ghêra pour avoir insulté le roi. Mais le roi David répond à Avichaï que Chim’i ne mérite pas d’être exécuté car c’est Dieu qui le pousse à proférer ces insultes.
Les paroles de Chim’i ne provoquent même pas la colère de David, car il sait que ce dernier est envoyé par le Saint béni soit-Il. David sait qu’il reçoit ce qui lui revient d’après ses actes. Contre qui s’indignerait-il ?
Quand autrui le fait souffrir, l’homme doit savoir au fond de lui que c’est peut-être à cause de ses fautes que le Créateur lui envoie ce châtiment afin qu’il médite dessus et s’améliore dans sa conduite.
Ce n’est donc pas la personne qui nous fait du mal qui est à l’origine de notre peine, mais souvent nos propres fautes. L’autre n’étant que le moyen, l’instrument choisi pour appliquer la punition décrétée dans le Ciel.
Dieu choisit les méchants pour exécuter les sentences pénibles, et les justes pour exécuter les bonnes.
Nos Sages enseignent (Talmud Sota 49b) : « A l’approche de l’avènement du Messie, cette génération prendra une face de chien ».
Le ‘Hafets ‘Haïm commente (Maassaï Lemélekh page 209) : ils vivront dans l’obscurité totale, sans comprendre la Providence Divine. Ils n’auront foi que dans les lois de la nature. C’est pourquoi ils seront semblables au chien : lorsqu’on le bat avec un bâton, il essaie de le mordre, incapable de comprendre que le bâton n’est qu’un instrument dans la main de celui qui le frappe.
Ainsi, « cette génération prendra une face de chien » signifie que les hommes seront dépourvus de discernement, ils ne verront que l’apparence des choses. Dans leur aveuglement, ils ne comprendront pas que les épreuves leur sont envoyées par le Ciel pour les corriger.
Cependant, toutes les situations difficiles de la vie d’un homme ne sont pas forcément liées à des péchés. Quelquefois, il peut s’agir d’épreuves, où de situations pour lesquelles nous devons corriger l’auteur du mal pour le ramener sur le droit chemin.
Par exemple: sauver l’opprimé des mains de son persécuteur, ou réclamer une réparation financière à celui qui nous a causé un préjudice, etc.
Mais dans un cas où la victime ne peut réclamer de réparation monétaire de par la Torah, elle doit garder à l’esprit le fait que le dommage subi est en réalité un châtiment que lui envoie le Ciel. L’auteur du sinistre ou du méfait n’est qu’un instrument envoyé par le Saint béni soit-Il. (Siftei ’Haïm)
Par cette méthode, on peut parvenir véritablement à s’éloigner de la colère.
Que les bénédictions soient !
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