Il a été expliqué dans des publications précédentes, que l’un des aspects essentiels de l’amour du prochain concernait la manière de juger notre prochain. La Torah commande de le juger avec droiture. Nos maîtres expliquent que cela signifie le juger favorablement.
A partir de tout ce qui a déjà été expliqué, nous avons compris que chacun devait s’habituer à juger son prochain avec indulgence, et à ne pas être constamment rigoureux et soupçonneux envers ses proches et sa famille, mais au contraire, être plus souvent agréable avec les gens, et faire preuve de compréhension. Car, en agissant ainsi, on mérite que le Ciel nous juge aussi avec faveur et indulgence, comme nos maîtres l’ont enseigné.
Aimer son prochain et le juger favorablement dépendent donc l’un de l’autre. Car, l’homme a tendance à juger favorablement ceux qu’il aiment (ses propres enfants, par exemple). Et parce qu’il s’aime aussi lui-même, il se juge presque toujours favorablement, en tolérant ses propres défauts, en les justifiant même; en trouvant pour tous ses actes négatifs, des circonstances atténuantes, et en recherchant des solutions qui lui permettent de s’en sortir. L’homme doit aussi faire de même pour son prochain: lorsqu’il juge son prochain, il doit être tolérant pour ses défauts, et il doit rechercher des circonstances atténuantes pour ses actes négatifs, ainsi que des options qui lui permettent de s’en sortir, et non celles qui vont l’anéantir, le faire couler définitivement ou le faire disparaître.
Aimer son prochain comme soi-même doit donc conduire l’homme à se comporter vis à vis de son prochain, comme il se comporte vis à vis de lui-même.
La qualité de notre jugement est donc un bon indicateur de l’amour que l’on porte aux autres.
APPROFONDISSEMENT
Si nous approfondissons la question, il y a deux manières de juger favorablement :
- Juger une action isolée, en essayant de l’interpréter aussi favorablement que possible.
Par exemple: le voisin ne m’a pas salué. Au lieu d’en déduire immédiatement toutes sortes de choses négatives et ouvrir la porte à l’hostilité, je peux me dire plutôt qu’il devait avoir l’esprit préoccupé et ne m’a pas vraiment vu.
- Juger globalement l’autre, en considérant surtout ses qualités et moins ses défauts, comme le faisaient nos Sages :
Rabbi ‘Hiya avait une femme qui lui rendait la vie amère. Malgré cela, chaque fois qu’il trouvait une jolie chose, il la lui achetait. Rav, son élève, lui demanda un jour pourquoi il cherchait tant à la contenter. Rabbi ‘Hiya lui répondit : « Il est suffisant qu’elle éduque nos enfants et me préserve de la faute. ».
Malgré le caractère difficile de sa femme, il voyait donc aussi son côté positif: sa capacité à bien éduquer leurs enfants. Et même si les agissements de sa femme étaient répréhensibles, Rabbi ‘Hiya avait réussi à lui trouver des mérites et à s’adapter à ses défauts.
Il arrive que quelqu’un nous fasse une foule de bienfaits, mais le jour où il nous offense, on oublie tout le bien qu’il a souvent fait, pour se focaliser uniquement sur ce mal qu’il vient de faire. Et sur la base de cela, on prend des décisions extrêmes et parfois radicales.
Il faut savoir que tout le monde (y compris vous!) peut se tromper. D’ailleurs, même le juste peut se tromper, comme cela est écrit dans les Proverbes du Roi Salomon : «Sept fois l’homme juste tombe et se relève» (Proverbes 24:16).
L’Eternel a créé des êtres humains imparfaits, afin qu’ils puissent se perfectionner par leurs propres efforts et se transformer en personnes plus raffinées. Vous aussi vous êtes imparfait et cherchez sans cesse à vous améliorer. Pendant ce processus, vous êtes patient et indulgent envers vous-même. Ne soyez donc pas pas intransigeant en ce qui concerne autrui, prompt à diaboliser les autres, à condamner vos proches et amis pour une mauvaise parole, une erreur, ou une attitude qui vous contrarie !
Nos sages ont enseigné dans la Guemara Shabbat (97a) : « »Celui qui soupçonne des gens respectables, sera frappé dans son corps » ».
C’est ce qui est arrivé, par exemple, à tous ceux qui s’en sont pris à Moshé dans le désert (y compris Myriam la prophétesse, qui a été frappée de lèpre pour avoir mal jugé Moshé).
Voici leurs paroles de jugement prononcées contre le serviteur de Dieu: « »Ils dirent : Est-ce seulement par Moïse que l’Eternel parle ? N’est-ce pas aussi par nous qu’il parle ? Et l’Eternel l’entendit. » » (Nombres 12 : 2)
Myriam a été frappée dans sa chair : elle est devenue lépreuse et a du sortir du camp, comme il est dit: « »Marie fut enfermée sept jours en dehors du camp; et le peuple ne partit point, jusqu’à ce que Marie y fût rentrée » ». (Nombres 12 : 15).
Parfois, la tentation de juger les autres sans en connaître beaucoup – et en pensant en connaître suffisamment – peut être très grande.
Chaque fois donc que cela est possible, nous devons nous abstenir de juger avant d’avoir une connaissance adéquate des faits. Et s’il s’agit d’une personne respectable, nous devons être encore plus prudent.
QUELQUES CONSEILS PRATIQUES A CE SUJET:
- Réfléchissez avant de parler
- N’oubliez pas que personne n’est parfait.
Les autres commettent des erreurs mais ils ne sont pas les seuls, nous en commettons aussi. Nous devons donc user de tolérance, autant que possible.
- Regardez-vous personnellement au lieu de passer le temps à regarder les autres.
Les gens sont rapides pour juger les autres, mais lents pour se corriger eux-mêmes.
Consacrez-vous plus de temps et d’énergie à vérifier votre propre comportement ou bien passez-vous plus de temps à vérifier celui du prochain ? Êtes-vous plus concentré sur la dépréciation des autres que sur votre propre croissance personnelle? Peut-être que mal juger vos proches vous fait vous sentir mieux dans votre peau, parce que cela vous donne l’impression que vous êtes meilleur ?
Au lieu de passer notre temps à juger et à médire et à critiquer les autres, nous devons accorder du temps à notre propre observation ou introspection pour reconnaître nos propres défauts, de manière à penser aux moyens de nous améliorer.
- Soyez conscients du fait que les apparences sont trompeuses:
Sans nous en rendre compte, nous supposons des choses sans preuves contre notre prochain. Nous tombons dans le piège de compléter l’information que nous n’avons pas par une histoire que nous inventons. C’est un automatisme qui favorise tellement d’injustices et qui souvent, loin d’aider, blesse, abîme les personnes et les relations. Dans de nombreux cas, il faut donc faire extrêmement attention aux apparences et juger avec une extrême prudence.
- Nous devons nous rappeler les faveurs et les actions positives que les autres font pour nous, et ne pas nous focaliser uniquement sur leurs actions négatives.
Sachez bien une chose, si vous parlez de quelqu’un en apportant des remarques qui ne sont pas pures, pacifiques, et qui ne favorisent pas une atmosphère de paix, vous n’êtes pas en train de le juger avec droiture.
J‘espère que ces conseils et ces idées de nos maîtres nous aideront à améliorer notre manière de juger notre prochain, et par là même, notre manière d’aimer notre prochain.
Dans de prochaines publications, nous aborderons, avec l’aide de Dieu, d’autres aspects de l’amour du prochain.
Soyez bénis!
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