INTRODUCTION À L’AMOUR DU PROCHAIN

TU AIMERAS TON PROCHAIN COMME TOI-MÊME

Lévitique 19:18:
לֹֽא־תִקֹּ֤ם וְלֹֽא־תִטֹּר֙ אֶת־בְּנֵ֣י עַמֶּ֔ךָ וְאָֽהַבְתָּ֥ לְרֵעֲךָ֖ כָּמ֑וֹךָ אֲנִ֖י יְ-ה-וָֽ-ה׃
Tu ne te vengeras pas et n’entretiendras pas de rancune envers les enfants de ton peuple mais tu aimeras ton prochain comme toi-même : Je suis YHVH.


Ce fameux verset de la Torah est l’un des principes fondamentaux du judaïsme, mais dont l’accomplissement  semble impossible. Car comment aimer mon prochain comme moi-même, qu’est-ce que cela signifie et qui est mon prochain au juste?

1. QUE SIGNIFIE AIMER SON PROCHAIN COMME SOI-MÊME?

En règle générale, tout le monde aime son prochain, dans une certaine mesure, ou croit le faire. C’est pour cela que le commandement est d’aimer son prochain comme soi-même. Mais qu’est-ce que cela signifie en actions?

Nos maîtres ont énoncé plusieurs règles de conduite pour nous guider dans l’accomplissement de ce commandement important dont en voici quelques unes :

  • Juger notre prochain aussi favorablement que nous nous jugeons nous-mêmes
  • Partager la joie de nos proches et compatir à leur souffrance
  • Désirer leur réussite autant que nous désirons la nôtre et éliminer toute jalousie
  • Veiller à leur bonne réputation autant que nous veillons sur la nôtre
  • Les aider lorsque nous en sommes capables et qu’ils en ont besoin
  • Éviter de leur faire du mal comme nous ne désirons pas qu’on nous fasse du mal
  • Etc.
    Nous développerons chacun de ces points séparément, ensuite nous expliquerons qui est notre prochain.

A – JUGER NOTRE PROCHAIN AUSSI FAVORABLEMENT QUE NOUS NOUS JUGEONS NOUS-MÊMES

Dans nos relations avec les autres (nos proches, nos amis, nos connaissances, nos collègues de travail, etc.), nous portons sans cesse des jugements, parfois consciemment et parfois inconsciemment. Même ceux que nous rencontrons pour la première fois, nous les jugeons aussi, et l’expérience montre que nous sommes plus portés à juger les autres négativement. En un clin d’œil, nous condamnons ceux que nous jugeons,  sans en savoir plus que ce que nous voyons et croyons comprendre à l’instant.

Cependant, la Torah demande à ce que nous jugions tout le monde positivement (mis à part quelqu’un qui a la réputation d’être « mauvais »).
Par exemple, nous entrons dans un supermarché et la vendeuse ne sert pas aussi vite que nous voudrions.
On peut juger négativement: « Qu’est-ce qu’elle peut être lente cette vendeuse! »

Ou bien on peut juger plus favorablement: « Cette employée doit être débordée de travail pour ne plus arriver à servir rapidement ».

Il est une obligation de la Torah d’accorder un bénéfice du doute aux autres dans notre jugement, comme il est dit:
Vayikra (Lévitique) 19 : 15 –  «…Tu jugeras ton prochain avec droiture »
Nos maîtres expliquent que cela ne s’adresse pas seulement aux tribunaux, mais à tout celui qui porte un jugement sur autrui (chaque individu donc).

Rachi explique ce verset de la sorte: « Avec droiture juge ton prochain » – Cela signifie que tu dois juger ton prochain favorablement.
Nos maîtres ont expliqué: Aimer les autres et les juger positivement dépendent l’un de l’autre.


Dès que l’on commence à juger négativement son prochain, l’amour diminue jusqu’à disparaître et à faire place à la haine ou à l’indifférence.

Et si c’est quelqu’un qui n’est pas proche de nous que nous jugeons négativement, il devient difficile, voire impossible d’aimer cette personne.


On ne juge favorablement que celui qu’on aime, aimer son prochain comme soi-même et juger son prochain favorablement sont donc équivalents.
Parce qu’on s’aime soi-même, on se juge presque toujours favorablement, en trouvant pour tous nos actes, des circonstances atténuantes et en cherchant des solutions qui nous permettent de nous en sortir. Pourquoi, lorsque nous jugeons les autres, ne cherchons-nous que des options qui leur permettent de couler définitivement ou de disparaître, etc.?
La qualité du jugement est un bon indicateur de l’amour que l’on porte aux autres.


Aimer l’autre « comme soi-même » signifie user des mêmes arguments que nous utilisons pour justifier nos défauts afin d’excuser ceux des autres. Et la Torah nous prescrit ce commandement afin de nous appeler à aller aussi loin pour excuser les actions des autres que nous le ferions pour nos propres faiblesses.

Celui qui juge les autres favorablement cherche sans cesse à trouver des circonstances atténuantes pour son prochain lorsque celui-ci a fauté, et il cherche un moyen pour l’aider à s’en sortir comme il le ferait pour lui-même, et ne voit pas là une occasion à saisir pour enfoncer l’autre ou le détruire.


Et même, avant d’avoir les preuves de la culpabilité de son prochain, il recherche des manières d’interpréter ses actions pour le bien.

Le Rambam nous présente trois catégories de personnes :

–  Un tsaddik (le juste) : quelqu’un qui est connu pour toujours agir correctement dans des aspects spécifiques de la Torah et dans ses relations avec les autres.

  • Un racha (un méchant) : quelqu’un qui est connu pour toujours mal agir dans divers aspects de la loi de la Torah et dans ses relations avec les autres.
  • Quelqu’un que vous ne connaissez pas.
  1. LE CAS DU TSADDIK (LE JUSTE)

Etant donné la complexité de l’homme, le comportement d’une personne peut différer d’un domaine à l’autre.
Par exemple, une personne peut être un tsaddik concernant l’honneur de ses parents, et un racha lorsqu’il est question d’argent.
Le Rambam explique (Pirkei Avot 1 : 6):  Les actions d’un tsaddik doivent être jugées positivement en toutes circonstances. Il est même demandé à l’homme d’excuser des actions suspectes et de leur donner une interprétation favorable.

En d’autres termes, tant qu’il existe une éventualité que ce soit une bonne action, il n’est pas permis de suspecter un tsaddik d’avoir mal agit.


L’incident suivant du Talmud illustre à quel point nous devons juger positivement les actions du tsaddik.

On raconte que Rabbi ‘Akiva loua un jour ses services (en tant qu’ouvrier fixe) chez un homme particulièrement Yeré Shamaïm (qui craignait Hashem), pour une durée de 3 ans.

Cet homme était très riche.

Au bout de 3 années de travail, Rabbi ‘Akiva vint – la veille de la fête – réclamer son salaire.

Il dit à son patron :

« Donne moi mon salaire afin que je puisse rentrer chez moi et nourrir ma femme et mes enfants ».

Le patron lui répondit :

« Je n’ai pas l’argent ».

Rabbi ‘Akiva lui dit :

« Alors donne moi une bête ou des fruits ».

Le patron répondit :

« Je n’en ai pas ».

Rabbi ‘Akiva dit :

« Alors donne moi au moins des coussins ou des couvertures ».

Le patron lui répondit :

« Je n’en ai pas. »

Rabbi ‘Akiva plia ses affaires et rentra chez lui, déçu.

Après la fête, son patron vint lui rendre visite, accompagné de 6 ânes chargés de nourritures, de boissons, de friandises, ainsi que de l’argent correspondant au salaire de Rabbi ‘Akiva.

Après qu’il aient mangés et bus, le patron demanda à Rabbi ‘Akiva :

« Lorsque je t’ai répondu « je n’en ai pas » sur tout ce que tu m’as réclamer, de quoi m’as-tu soupçonné ? »

Rabbi ‘Akiva lui répondit :

« Je ne t’ai pas soupçonné, mais je me suis dit que tu avais certainement dédié tous tes biens au Hekdesh (à Hashem), et que par conséquent, les biens dédiés au Hekdesh sont interdits au profit puisqu’ils ne t’appartiennent plus ».

Le patron jura en lui disant :

« Effectivement, c’est exactement ce qui c’est passé. J’ai dédié tous mes biens au Hekdesh (à Hashem), car mon fils Horkanoss n’a pas étudié la Torah, mais ensuite, j’ai été consulter mes amis qui m’ont délié de mon Neder (mon vœu). Maintenant, sache que de la même façon que tu m’as jugé avec indulgence, ainsi Hashem te jugera avec indulgence ».

Dans l’incident décrit ci-dessus nous voyons à quel point Rabbi Akiva était prêt à élargir les limites de la crédibilité pour expliquer le comportement inhabituel de son employeur, plutôt que de croire la supposition la plus improbable que son employeur agissait malicieusement.

De là nous apprenons que nous devons user de toutes nos capacités de raisonnement pour en venir à une explication plausible des actions d’un tsaddik, comme illustré dans l’incident ci-dessus.


Dans la prochaine publication, nous aborderons les cas du méchant et suivants.


Que soient bénis tous ceux qui liront!


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