Après avoir expliqué que la manière de juger notre prochain constituait l’un des aspects essentiels du commandement d’aimer son prochain comme soi-même, nous allons à présent expliquer d’autres aspects relatifs au commandement de l’amour du prochain.
AUTRES ATTITUDES RELEVANT DE L’AMOUR DU PROCHAIN
Hormis le fait de juger son prochain favorablement, aimer son prochain signifie aussi:
1) Partager la joie de son prochain et compatir à ses souffrances, l’assister au moment de sa douleur.
2) Désirer la réussite de notre prochain autant que nous désirons la nôtre et éliminer toute jalousie:
Le Ramban (Na’hmanide) considère que celui qui aime son prochain est content de le voir réussir (matériellement et spirituellement) sans que cette réussite n’éveille aucune jalousie en lui. Et même si cette réussite dépasse la sienne propre.
Cela s’appelle avoir un bon oeil, un œil favorable (« ayin tova » en hébreu), c’est-à-dire, considérer l’autre avec bienveillance.
Nos maîtres ont enseigné que tout celui qui a un bon oeil est considéré comme disciple d’Avraham (Pirké Avoth 5 ; 19).
Et il est écrit dans la Bible: « Celui qui a un bon œil sera béni » (Proverbes 22 ; 9). En d’autres termes, celui qui ne jalouse pas la réussite de ses amis sera aussi béni à son tour.
Celui qui a un bon oeil (un regard bienveillant), c’est celui qui est content de la réussite de son prochain. A l’extrême opposé, celui qui a un mauvais œil est dérangé par la réussite et la prospérité de son prochain, surtout lorsque ce dernier réussit mieux que lui-même, son coeur se remplit de jalousie.
Mais nous devons garder à l’esprit que c’est Dieu qui accorde la bénédiction à chacun. Il est donc inutile de jalouser celle de mon frère.
3) Aider son prochain lorsqu’on en est capable et qu’il en a besoin
On applique également le commandement d’aimer son prochain en accomplissant des actes de bonté pour lui.
On lit en 2 Ch 19, 2 : « Un voyant, Jéhu, […] dit au roi Josaphat : “Est-ce le méchant que tu aides et les ennemis du Seigneur que tu aimes ?” ». Dans ce passage, « aimer » est placé en parallélisme synonymique avec « aider ». Nous voyons de là que quand on aime quelqu’un, on lui accorde de l’aide.
De temps en temps, nous avons tous besoin de l’aide de nos amis, et nous sommes très contents lorsqu’ils sont disposés à nous la procurer.
D’après nos maîtres, nous devons faire pour les autres ce que nous aimerions qu’ils fassent pour nous.
Ainsi, lorsqu’un ami cherche du travail, par exemple, ou a un problème, si nous avons la capacité de l’aider à trouver du travail ou à résoudre son problème, nous devons l’aider.
Si nous ouvrons les yeux, nous découvrirons d’innombrables moyens d’aider les autres, qui n’exigent pas nécessairement une immense abnégation de notre part. Même des actes simples comme un sourire ou un mot gentil peuvent éclairer la journée de quelqu’un.
4) Ne pas se venger et ne pas garder rancune à son prochain
Il est écrit : « Tu ne te vengeras pas, ni ne garderas rancune » (Lv 19 : 18).
Quelle différence existe-t-il entre la vengeance et la rancune ?
La vengeance, c’est comme celui qui demande à son voisin : « Tu me prêtes ta faucille ? » Il lui répond : « Non. » Le lendemain, le voisin lui demande : « Tu me prêtes ta hache ? » Et lui, de répondre : « Je ne te la prêterai pas car tu n’as rien voulu me prêter hier. » Telle est la vengeance. (Talmud Yoma 23b).
La Bible dit à ce sujet : « »Ne dis pas : Comme il m’a traité, je le traiterai, je rends à chacun selon ses œuvres » ». (Pr 24 : 29)
La rancune, c’est comme celui qui demande à son voisin : « Tu me prêtes ta hache ? » Il lui répond : « Non. » Le lendemain, le voisin lui demande : « Tu me prêtes ton manteau ? » Et lui, de répondre : « Le voici. Je ne suis pas comme toi qui n’as rien voulu me prêter ! » Telle est la rancune. (Talmud Yoma 23b).
Comment ne pas garder de rancune à quelqu’un qui nous a fait du mal ? Si je l’aime comme moi-même, c’est facile: Je ne me garde pas rancune à moi-même lorsque je commets des fautes. De même, je ne dois pas garder rancune à mon prochain parce qu’il m’a offensé.
Celui qui a de l’amour ne garde pas rancune et ne cherche pas à se venger, mais il cherche plutôt à ramener la paix s’il y a mésentente. Personne ne garde rancune à son enfant et ne cherche à se venger de lui, quoiqu’il ait fait, à cause de l’amour que nous portons à nos enfants. Nous cherchons plutôt à les corriger et à les ramener sur le droit chemin, s’ils s’en sont écartés.
- Ne pas lui faire ce que l’on n’aimerait pas subir.
Par exemple, nous ne souhaitons pas être abandonné quand nous sommes en détresse. De même, nous ne devons pas abandonner notre prochain qui se trouve dans la détresse alors que nous avons la capacité de l’aider. Il est écrit à ce sujet :
« »N’abandonne pas ton ami ni l’ami de ton père » (Proverbes 27, 10).
De même, personne n’aime qu’on parle mal de lui. Nous devons donc aussi éviter de dire du mal de notre prochain. Etc.
Nos maîtres ont écrit à ce sujet :
« »Il faut s’efforcer de ne faire que des éloges sur l’autre et d’avoir des égards pour ses biens matériels comme on en a pour les siens propres, et comme l’on est attentif à son propre honneur » (Yad ha‘Hazaka Hil’hot Deot 6 ; 3).
En résumé:
Tout ce que tu voudrais que tes frères ou tes amis fassent pour toi, fais-le pour eux si tu en as les moyens. Car, c’est dans l’action que l’on peut parvenir à aimer son prochain.
Œuvrer avec bonne volonté au bien-être de son prochain, s’efforcer de faire ses éloges est le meilleur chemin pour parvenir à éveiller et à entretenir des sentiments d’amour purs envers son frère.
« Aimer son prochain comme soi-même » exige donc de nous de vouloir le meilleur pour notre prochain, comme pour nous même, et d’éviter de lui causer du tort.
Pour y parvenir, la meilleure attitude est de considérer l’autre comme une partie de moi, de considérer que nous sommes tous les membres d’un seul corps.
Il nous reste à présent à expliquer qui est notre prochain. Ce que nous ferons dans une prochaine publication.
Avec mes souhaits de réussite matérielle et spirituelle pour tous!
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